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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

Mon ami Mifroid me paraît plus dangereux que tous les pickpockets de la terre.

Mifroid éclata de rire :

— Ah ! ah ! le gaillard !

Théophraste se fit attendre dix minutes. Il avait l’œil fort allumé quand il revint :

— C’est un cocher, dit-il, qui a accroché une automobile.

— Et alors ?

— Et alors, voilà. Il ne peut pas la décrocher, c’est tout !

— La foule est-elle bête ? fit Marceline.

Là-dessus, sur un coup d’œil d’Adolphe, elle invita M. Mifroid à dîner. Celui-ci se défendit, mais peu.

Transportons-nous maintenant rue Gérando. Il est neuf heures. Le dîner touche à sa fin, dans la salle à manger de Théophraste. M. Mifroid et Adolphe, pendant le repas, ont dit mille choses ingénieuses et plaisantes. Mais M. Mifroid est inquiet. Il a plongé ses mains dans toutes ses poches, y cherchant vainement son mouchoir. Après une dernière et inutile enquête dans la poche de côté de sa redingote, il se passe désespérément l’index sous la moustache et aspire avec force. À ce moment, Théophraste se mouche. Marceline lui demande où il a trouvé ce joli mouchoir. M. Mifroid reconnaît le sien, estime que la plaisanterie est charmante, prend le mouchoir des mains de Théophraste et le replace dans sa poche. Théophraste ne comprend pas. Soudain, Mifroid pâlit. Il se tâte le côté gauche. Il dit tout haut :

— Mon Dieu ! qu’est-ce que j’ai fait de mon portefeuille ?

C’est bien simple, on a volé, dans sa poche, le portefeuille du commissaire. Il y avait cinq cents francs