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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

l’objet de nos recherches ? Depuis deux cents ans…

— Femme de peu de foi, répondit Adolphe. Depuis plus de deux mille ans qu’on remue la terre sacrée du Forum comme jamais ne fut remuée cette terre franque depuis deux siècles, ce n’est qu’hier qu’ont réapparu sous le ciel latin ces rostres illustres qui connurent Caïus et Tibérius… Mais je vois s’approcher mon ami le commissaire de police, M. Mifroid, un charmant homme que je veux vous présenter.

Le commissaire de police Mifroid, qui doit jouer un rôle prépondérant dans cette histoire, un homme d’une quarantaine d’années, mis avec une grande élégance et ganté de beurre frais, une boucle argentée sur un front pur, s’avança, sourit, salua : « Monsieur, madame. »

Et il serra la main d’Adolphe qui dit :

— Mon excellent ami, M. le commissaire de police Mifroid ; M. et Mme Théophraste Longuet.

À la façon dont M. Mifroid regarda la belle Marceline, celle ci jugea tout de suite que c’était un amateur. Elle rougit un peu.

— Notre ami Adolphe, dit-elle, nous a souvent parlé de vous, monsieur Mifroid.

— Oh ! madame, je vous connais depuis longtemps, répliqua M. Mifroid. Chaque fois que je rencontre M. Lecamus, il me parle de ses amis de la rue Gérando, et dans des termes tels que mon plus grand désir était le bonheur qui m’arrive aujourd’hui : celui de vous être présenté.

— Il paraît que vous êtes très fort sur le violon ? demanda Marceline, conquise par tant de façons galantes.

— Oh ! madame, si l’on peut dire !… Je fais aussi un peu de sculpture et je m’occupe également de philosophie. Je dois ce dernier goût à mon ami Adolphe. Tout