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M. LONGUET A SA PLUME NOIRE

dimanche, aux Champs-Élysées. Et je vais vous dire ce que j’entends par la plume noire de Théophraste.

Quand ils furent sous les arbres, parmi les promeneurs nonchalants, Adolphe commença :

— Vous avez entendu parler des chercheurs de sources ?

— Certes ! répondirent-ils.

— Par un phénomène qu’on n’a pas encore expliqué, ces chercheurs, armés de petites baguettes qu’ils dirigent vers la terre, voient à travers les diverses couches de terrain la source qu’il faut faire jaillir et indiquent l’endroit à creuser. Je ne désespère point d’amener Théophraste à faire pour ses trésors ce que les chercheurs de sources font pour les sources. Je le conduirai sur le terrain désigné par le document et il dira : « C’est là, c’est là qu’il faut creuser pour trouver les trésors. »

— Mais tout ceci ne m’explique point ce que vous entendez par « ma plume noire », interrompit Théophraste.

— J’y arrive. Je vous amènerai sur cet espace, vous, le chercheur de trésors, comme on amène sur les espaces où l’on soupçonne la présence de l’eau les chercheurs de sources. Je vous y amènerai quand vous aurez votre plume noire.

Adolphe fit une pause et reprit :

— Je suis obligé de vous parler de Darwin : rassurez-vous, ce ne sera pas long. Vous allez comprendre tout de suite. Vous savez que Darwin se livra à plusieurs expériences célèbres, dont la plus connue est celle des pigeons. Désireux de se rendre compte des phénomènes de l’hérédité et de la valeur qu’il y faut attacher, il étudia de près la reproduction des pigeons, qui est suffisamment rapide pour qu’il ait pu tirer des conclusions sur un chiffre appréciable de générations successives. Au bout d’un nombre X de générations, il retrouva le