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QUI SE TERMINE PAR UNE CHANSON

phraste Longuet est le fruit d’une imagination en délire, soient enfin persuadés qu’elle repose sur les bases scientifiques les plus sérieuses.

— La transmigration des âmes était enseignée dans l’Inde, dit Adolphe, berceau du genre humain ; puis elle le fut en Égypte, puis en Grèce. On la chantait dans les mystères, au nom d’Orphée. Cependant, Pythagore, qui continua cet enseignement, n’admettait pas, avec les philosophes du bord du Gange, que l’âme dût parcourir le cycle de toutes les existences animales. Il ne la faisait jamais habiter, par exemple, dans un cochon.

— Il y a pourtant des hommes, dit Mme Bache, la receveuse des postes de Villiers-sur-Morin, qui ont des âmes de cochon.

— Sans doute, fit Adolphe avec un sourire ; mais on ne saurait conclure de là qu’il y a des cochons qui ont des âmes d’homme. Voilà ce que voulait dire Pythagore, Platon a adopté la doctrine de Pythagore. C’est le premier qui a donné, dans le Phédon, les preuves que les âmes ne s’exilent pas pour toujours et qu’elles reviennent animer de nouveaux corps.

— Oh ! si nous pouvions avoir des preuves d’une affaire pareille ! s’écria Mme Sampic, la femme du percepteur de Pont-aux-Dames, en regardant Mme Bache.

— Ça ne me ferait plus rien de mourir, déclara la vieille Mlle Taburet, qui vivait dans la terreur de trépasser.

— Voici les preuves, continua Adolphe. Elles sont au nombre de deux. L’une est tirée de l’ordre général de la nature ; l’autre de la conscience humaine. 1o « La nature, dit Platon, est gouvernée par la loi des contraires. Par cela seul donc que nous voyons dans son sein la mort succéder à la vie, nous sommes obligés de croire que la vie succédera à la mort. » Est-ce clair ?