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COMME IL N’EN EXISTE PAS SUR LA TERRE

voix officielle, en mettant ma main droite sur l’épaule de Théophraste :

» — Au nom de la loi, je vous arrête !

» Cette fois, je crus bien qu’ils avaient compris et que je n’aurais plus à leur expliquer ce qu’est un commissaire de police et un voleur. Mais ils conservaient, qui leur mutisme imbécile, qui leur sourire stupéfiant. Damoiselle de Coucy m’ayant demandé ce que c’était que : au nom de la loi ! je lui parlai de la loi avec un commencement de colère, mais il me fut impossible de me faire entendre ; d’après elle — fallait-il la croire ? — le peuple talpa n’avait ni loi, ni voleur, ni commissaire de police ! »

» Elle précisa devant tout le monde sa question et me demanda à quoi pouvait servir un commissaire de police. Je lui répondis : « Vous l’avez vu ! À arrêter les voleurs ! » Et elle me demanda à quoi pouvaient servir les voleurs ! Je lui répondis : « À se faire arrêter par les commissaires de police. »

» Elle précisa davantage et demanda la définition de la police.

» Je lui dis :

» — La police est une institution qui a pour but de protéger les citoyens paisibles et honnêtes dans leurs personnes et leurs propriétés !

» Ils se taisaient encore comme si je leur avais dit de l’hébreu.

» Je m’écriai :

» — Le commissaire de police est le gardien des lois !… Ainsi, il y a une loi qui empêche de prendre des chapeaux dans une boutique !…

» Ils m’interrompirent tous en s’écriant :

» — Nennil !

» — Comment, nennil ! Vous n’avez pas de loi ?