portes ne rappelaient en rien le cintre lourd du roman où l’ogive du gothique qui oncques n’eut assez rayonné ou flamboyé, mais plutôt le fer à cheval de Cordoue — toujours l’art arabe, oh ! ces Arabes ! — oui, le fer à cheval avec ses mille incrustations et ses cent mille ornements, chef-d’œuvre de la pierre fouillée et trifouillée ! Oui, maintenant j’y suis. Il se peut que les Arabes et aussi les Mongols, avec leurs dix doigts de main chacun, aient fouillé la pierre…
» Mais le peuple de Talpa, avec ses vingt doigts de main chacun, l’a trifouillée ! C’est admirable !… Et la trifouille sans cesse pour en jouir, ce qui rend l’œuvre plus admirable encore, sans qu’elle soit jamais terminée…
» Sur les places publiques, je ne vis point de statues. Le sculpteur le regretta ; le philosophe dit : « Voici un peuple qui n’a ni dieux, ni maire, ni grands hommes… C’est un pauvre peuple, il n’ira pas loin ! »
« Ainsi, le front lourd, je supportais mes pensées, quand je rencontrai une troupe de jeunes gens talpa armés d’arbalètes. Je me dis : « Ah ! voici enfin les archers du guet ! » Mais je fus vite détrompé, car, comme ils m’avaient senti à l’odeur de ma lumière, ils vinrent à moi, me firent cent compliments sur ma bonne mine et me confièrent qu’ils partaient pour la chasse. Mon Dieu oui ! C’était la saison des chasses. Cette saison coïncidait tous les ans avec une forte crue de leur lac intérieur, et certaines régions du pays talpa se trouvaient envahies « par des passages de rats ». Ils en tuaient des quantités innombrables, qu’ils accommodaient en mille sortes de nourritures, pâtés et conserves : enfin, ils usaient de la fourrure fort artificieusement pour l’habillement des personnes et la tapisserie des maisons.