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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

mais ce n’est pas tout à fait sûr) rien, vous entendez, rien de tout ceci ou de tout cela, rien du tout de tout en architecture du dessus de la terre n’approche — à hauteur d’homme — de l’architecture talpa !

» Et cependant je ne rencontrerai point de monuments publics. En vain me mis-je en quête du temple ou, par exemple, d’une mairie. Je ne vis ni temple ni mairie. Le peuple Talpa semblait n’avoir ni Dieu ni maire. Cependant, damoiselle de Coucy disait toujours : « Ha ! Sainte-Marie !… » Mais je vis bien que cette exclamation n’avait pas plus d’importance dans son charmant petit énorme groin rose que, chez nous : « Nom d’un petit bonhomme !… »

» Le seul monument, vraiment monument public, que j’eus à admirer était justement la bâtisse des Concerts classiques. Elle était certainement plus admirable que tout le reste encore. Je n’y puis comparer — pour en donner une idée — que ce que nous pouvons voir encore du temple de Chillambaron, en y ajoutant les cent temples de Civa à Bhuvanemera et les quatre-vingt-seize colonnes du Madapam de Condjevesam, et les sept pagodes (monolithes !) d’Engles-Hill (je ne les ai pas encore vues, mais je me suis promis de ne point mourir sans les avoir vues).

» En dehors de ce monument, toutes ces merveilles architecturales, donc, s’appliquaient aux bâtisses privées. La plus mesquine ouverture, la plus humble porte, la fenêtre de la cuisine — que vous dirai-je ? — étaient de véritables petits bijoux, comme on dit. Et, d’après ce que je vous ai narré plus haut de cette architecture, vous voyez qu’il ne faut évoquer en aucune façon ni l’art léger mais nu des Hellènes, ni l’art épais de l’Égypte (de l’antique Égypte), ni le composite — trop peu composite encore — romain, et les fenêtres et