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DANS LE FANTASTIQUE…

saire, je m’attardai bientôt avec ma lampe électrique à des merveilles d’architecture.

» Mes yeux restaient éblouis par la profusion des colonnades, des cannelures, des chapiteaux, par le travail tout à fait incroyablement fouillé des frises, des bas-reliefs, des socles et généralement des assises des monuments. Les chapiteaux aux feuilles si extravagantes, aux volutes si contournées, détournées, retournées, étaient toujours à hauteur d’homme. La main pouvait les atteindre. Je vis bientôt qu’au-dessus de la hauteur d’homme l’architecture devenait ce qu’elle pouvait ; elle se perdait, sans intérêt, dans la voûte des catacombes, mais tout ce que pouvaient toucher les doigts n’était comparable à rien, si ce n’est cependant — de loin — à ce que je sais des merveilles d’Angkor et du vieux Delhi. Oui, peut-être, la pierre mille fois travaillée par les artistes de l’Inde et du Cambodge, pendant mille ans, pourrait faire prévoir — peut-être, oh ! peut-être — cette floraison souterraine et sublime de l’architecture talpa ! jusqu’à hauteur d’homme ! Non, non, après tout, ni le bouddhisme, ni le brahmanisme, ni l’islamisme, ni les Aryas, ni les Dravidiens, ni les Arabes, ni les Mongols, ni les Afghans (après tout !), ni les Perses, oui, certainement, ni même les Perses — pas plus l’Inde avec le palais de Taujoré, et les tombes légères et poétiques de Haïder-Ali, d’Aureng-Ceyb, de Schah-Djihan et aussi (après tout) les kiosques funèbres d’Haïderabad et de Golconde (de Golconde, je dis de Golconde !) pas plus cela dans les Indes que ceci chez les Perses, c’est-à-dire : ce qui reste (oh ! mon Dieu combien peu !) du Tak-Kesra (c’était le palais de Chosroës Nouschirvan) ou des ruines (ce qui reste des ruines) de Ctésiphore Silencie (et je sais bien toutefois que l’art des Sassanides paraît avoir été tributaire de Byzance —