pour mon phénomène, comme vous avez raisonné pour le phénomène d’Arago.
» Vous devez imaginer — avec certitude — qu’une famille, dans les premières années du quatorzième siècle, s’est trouvée enfermée dans les catacombes, à la suite d’une catastrophe qui n’a pour nous aucune importance, qu’elle a pu y vivre, qu’elle y a vécu, en effet, et qu’elle a engendré. Pouvant y vivre (nous verrons qu’on se nourrit très bien dans les catacombes), pourquoi n’aurait-elle pas engendré ? Au bout de trois générations, ces gens ne se souviennent même plus du dessus de la terre. D’autant plus qu’ils ont peut-être intérêt à en perdre la mémoire. Ce qui se passait alors sur la terre n’était point si ragoûtant, et nous comprenons, quant à nous, tout à fait bien que, lorsqu’on a cessé de contempler, par le plus heureux des hasards, les horreurs du moyen âge, on ne soit point pressé de revoir la lumière du jour. Bien entendu, on continue toujours à parler la langue et, comme aucun élément étranger ne s’y vient mêler, elle se conserve dans toute sa pureté à travers les siècles. Tout ceci est si simple que je suis étonné d’avoir mis au moins vingt lignes à vous l’expliquer, mais je ne le regrette pas, car avant tout je ne voudrais que quiconque m’accusât de lui faire prendre des vessies pour des lanternes.
» Enfin, en ce qui concerne les quarante doigts de ces gens (vingt en haut et vingt en bas), nous avons les études probantes de Milne-Edwards, comme j’eus déjà l’honneur de l’exposer, sur l’asellus aquaticus, dont les poils tactiles sont si développés. De même pour le museau, pour le nez en nez monstrueux de taupe, mais qui, comme il était rose, pouvait passer pour un groin de cochon, nous avons encore et toujours les bâtonnets olfactifs du néphargus puteanus. Même raisonnement