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CE QUI S’EN SUIVIT AU FOND DES CATACOMBES…

pussent s’envoler. Vœlvesor visita le lac de Zirknitz en 1687, ajoutai-je pour qu’aucun doute ne restât dans l’esprit de M. Longuet sur le phénomène naturel des canards, et il y prit lui-même un grand nombre de ces canards ; il pêcha des anguilles sans yeux et des tanches et des brochets sans yeux qui avaient un poids énorme. Certains de ces brochets pesaient quarante livres ! Il y a donc à Zirknitz, non seulement une immense nappe souterraine, mais un lac véritable, avec les poissons et les canards qui peuplent les lacs de la surface[1].

» M. Théophraste Longuet, qui ne lâchait point des yeux les canards, ne cessait de répéter :

» — Vous avez raison, monsieur le commissaire. Ce sont des canards naturels !

» J’ajoutai qu’en France il y avait aussi des lacs de Zirknitz. Près de Sablé, en Anjou, il y a un gouffre de six à huit mètres de diamètre dont on n’a pu déterminer la profondeur ; ce gouffre, connu dans le pays sous le nom de « Fontaine-sans-fond », déborde quelquefois, et alors il en sort une quantité prodigieuse de poissons, et surtout de brochets truités d’une espèce particulière…

» — Ils n’ont point d’yeux ! interrompit Théophraste, je le sais, monsieur le commissaire ; mais puisque ces poissons et ces canards n’ont point d’yeux, ils doivent être faciles à prendre pour ceux qui en ont envie !…

» Théophraste ne parlait de rien moins que de se jeter à l’eau pour aller pêcher un canard, quand ma main s’appesantit sur son épaule ; il se tut, et il nous eût été impossible, dès lors, de formuler un son, tant ce que nous vîmes nous cloua la langue !

» Notre étoile électrique venait de découvrir, assez

  1. Notice d’Arago sur les Puits artésiens.