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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

» Ceci ne pouvait durer. Depuis quarante-huit heures que nous marchions sans avoir rencontré d’eau, nous commencions, suivant moi, à avoir les plus grandes chances de tomber sur quelque filet d’eau courante. Mon espoir, comme vous voyez, était bien modeste. De combien fut-il dépassé ! Je vous laisse à en juger quand vous aurez appris de quelle merveille, dix minutes plus tard, nos yeux furent éblouis.

» — En route ! avais-je fait, et Théophraste, debout, ayant serré de deux crans sa ceinture, fut prêt à reprendre sa route, sans m’entretenir cette fois de sa faim ni de sa soif. Le brave homme devait penser sans doute que mon estomac n’était pas plus à la noce que le sien. Nous nous remîmes à marcher, notre veston sur le bras, tant il faisait chaud. Jusqu’à la veille à quatre heures de l’après-midi, j’avais estimé que notre température était d’environ dix degrés centigrades, puis cette température n’avait fait qu’augmenter, au fur et à mesure que nous avancions dans la basse galerie que nous ne devions plus quitter que pour aboutir à ce que je vais vous dire tout à l’heure. Maintenant, je pensai qu’il faisait plus de vingt degrés centigrades, et la sueur coulait de nos fronts en abondance. Nous nous promenions dans un brûlant été. À quoi devions-nous attribuer cette hausse subite de la température ? Étions-nous plus bas dans la terre ? ou avions-nous simplement plus de terre au-dessus de nous ? Certaines galeries, je le savais, s’enfonçaient à plus de soixante-dix-neuf mètres au-dessous de la surface du sol de Paris. Qui eut pu dire à quelle distance du sol nous nous trouvions alors ?

» Notre lampe électrique répandant son éclat autour de nous, nous avancions toujours, discutant déjà sur le feu central, quand, les parois de la galerie s’écartant