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POUR LA FAIM FUTURE

» — Ce ne sont point de gros poissons, mais certaines eaux courantes en contiennent des quantités incalculables.

» — Vraiment ? Incalculables ?… Incalculables ?… Comment sont-ils gros ?

» — Oh ! il en est de différentes tailles… généralement ils sont petits. Mais ils ne sont point désagréables au goût…

» — Vous en avez mangé ?

» — Non, mais on me l’a affirmé quand je suis descendu dans l’ossuaire et que je visitai la fontaine de la Samaritaine, qui est une très belle et très confortable fontaine.

» — Elle est loin d’ici ?

» — En ce moment, je ne pourrais vous dire. Tout ce que je sais, c’est que cette fontaine fut construite en 1810, par M. Héricourt de Thury, ingénieur des carrières souterraines. Actuellement, cette fontaine est occupée par les copépodes (cyclops fimbriatus) ! !…

» — Ah ! ah ! les copépodes ? C’est des poissons ?

» — Oui, ils présentent des modifications de tissus, de coloration, tout à fait particulières… Ils ont un bel œil rouge.

» — Comment ? Un œil ?

» — Oui ! C’est pour cela qu’on les appelle cyclops. De ce que ce poisson n’ait qu’un œil, il ne faut point vous étonner, car l’asellus aquaticus, qui vit également dans les eaux courantes des catacombes, est un petit Isopode aquatique, comme son nom l’indique, qui souvent n’a pas d’yeux du tout. Beaucoup d’exemplaires ne présentent plus à la place de l’œil qu’une petite pigmentation rougeâtre. D’autres, enfin, n’en ont nulle trace.

» — Pas possible ! s’écria Théophraste. Alors, comment voient-ils clair ?