» — Songez donc, lui dis-je, qu’on a creusé ce sol du troisième au dix-septième siècle ! Oui, pendant quatorze cents ans, l’homme a enlevé sous ce sol les matériaux qui lui étaient nécessaires pour construire dessus ! Si bien que de temps à autre, comme il y a trop de choses dessus et qu’il n’y en a plus du tout dessous, le dessus retourne au dessous, d’où il est sorti.
Et puisque nous nous trouvions encore sous l’ancien quartier d’Enfer, je lui rappelai qu’en 1777 une maison de la rue d’Enfer fut engloutie de la sorte « par le dessous ». Elle fut précipitée à vingt-huit mètres au-dessous du sol de sa cour. Quelques mois plus tard, en 1778, sept personnes trouvaient la mort dans un éboulement semblable, du côté de Ménilmontant. Je lui citai encore quelques exemples plus rapprochés, insistant sur les accidents de personnes. Il comprit et me dit :
» — En somme, il est souvent plus dangereux de se promener dessus que dessous.
» Je le tenais, et le voyant, ma foi, tout ragaillardi, ne me parlant plus de sa faim, oubliant sa soif, j’en profitai pour lui faire allonger le pas et j’entonnai le refrain le plus entraînant qui me vint à la mémoire. Il le reprit, et nous chantâmes en chœur :
Au pas, camarade, au pas,
La route est belle !
Y’aura du frichti là-bas
Dans la gamelle !
» C’est ça qui vous fait marcher au pas !
» Quand nous fûmes fatigués de chanter (on se fatigue très vite de chanter dans les catacombes parce que la voix ne porte pas), M. Longuet me fit encore cent questions. Il me demanda combien nous avions de mètres sur la tête, et je lui répondis que cela pouvait varier,