Page:Leroux - La Double Vie de Théophraste Longuet.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
TROP DE LUMIÈRE

étaient fort sèches, et la lumière électrique dont nous l’éclairions nous faisait voir une pierre dure, exempte de toute végétation parasite, exempte même de moisissure. Cette constatation n’était point pour réjouir M. Longuet, car s’il commençait à avoir grand’faim, il claquait déjà de la langue avec une ostentation qui attestait son désir de se désaltérer. Je savais qu’il y avait dans les catacombes des filets d’eau courante. Je remerciai le ciel de ne nous avoir point mis sur la trace d’un de ces filets-là, car nous n’eussions point manqué de perdre un temps précieux à nous y abreuver. De plus, comme nous ne pouvions emporter d’eau, ce liquide n’aurait servi qu’à nous donner soif.

» M. Longuet se faisant difficilement à cette idée que nous marchions sans vouloir savoir où, je résolus de le mettre à même de comprendre la nécessité de vouloir marcher au hasard, en lui racontant, ce qui était la vérité, que, lors des dernières réfections de la voie, les ingénieurs, étant descendus dans le trou des catacombes, avaient en vain cherché à s’orienter et à trouver une issue ; ils avaient dû y renoncer, faire construire les trois piliers de soutènement et maçonner la voûte avec des matériaux descendus directement dans le trou et retirés par ce trou avant sa clôture définitive qui, malheureusement, s’était faite sur nos têtes.

» Pour ne point le décourager, j’appris à M. Longuet qu’à ma connaissance nous pouvions compter sur au moins cinq cents kilomètres de catacombes[1], mais qu’il n’y avait aucune raison pour qu’il n’y en eût pas davantage. Évidemment, si je ne l’avais averti tout de suite de la difficulté de sortir de là, il eût manifesté son désespoir le deuxième jour de marche.

  1. C’est le chiffre de kilomètres connus.