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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

un grand discours. On ne saurait arrêter une femme en colère. Si M. Petito avait entendu Régina, il l’aurait giflée à cause de son imprudence ridicule. Après toutes sortes d’imprécations, résultat de la barbarie de Théophraste, Mme Petito apprit à Théophraste que M. Petito avait trouvé les trésors des Chopinettes, qu’il les avait mis en lieu sûr et que ces trésors étaient les plus riches trésors de la terre, des trésors qui valaient plus que deux oreilles, fussent-elles aussi vastes que les oreilles de M. Petito. « Ils étaient quittes ! »

Théophraste, au cours de ce discours, trouva difficilement le moyen de placer quelques paroles, mais il n’en fut pas autrement marri ; il remercia même la colère de Mme Petito de lui avoir fourni des renseignements aussi précieux et il laissa tomber ces mots : « Je retrouverai mes trésors, car je retrouverai M. Petito ! »

Mme Petito éclata d’un rire satanique.

— M. Petito ! s’écria-belle. Il est dans le train !

— Dans quel train ?

Dans le train qui va vous passer sous le nez.

— Quel est le train qui va me passer sous le nez ?

— Celui qui emporte mon mari par delà la frontière ! Montez dedans ! cher monsieur ! Montez dedans si vous voulez parler à M. Petito. Mais dépêchez-vous, car il va passer dans une heure et ce n’est pas à la station prochaine que l’on distribue des billets !…

Et elle eut un rire plus satanique encore, si satanique que Théophraste regretta les moments où il était sourd. Il la salua et s’éloigna rapidement sur la route, au bas de la voie du chemin de fer. Quand il fut seul, entre les petits arbres et les poteaux du télégraphe, il dit :

— Allons ! allons ! Il faut que j’aille demander des nouvelles de mes trésors à M. Petito lui-même… Mais comment ? Il est dans le train qui va me passer sous le