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THÉOPHRASTE VEUT S’INSTRUIRE

nant ainsi que l’affirme M. Adolphe, cette visite du vingt-huitième jour de juin 1899 menaçait de ne laisser chez nos trois personnages que le souvenir passager d’une complète désillusion, quand survint un événement inouï et si curieusement fantastique que j’ai cru de toute nécessité, après avoir lu la relation qui en a été faite par Théophraste Longuet lui-même dans ses mémoires, d’aller interroger le gardien-chef, qui me confirma la scène en ces termes.

— Monsieur, la chose s’était passée comme à l’ordinaire et je venais de faire visiter à ces messieurs et dame les cuisines de saint Louis, qui sont maintenant un dépôt de plâtres. Nous nous dirigions vers le cachot de Marie-Antoinette, qui est maintenant une petite chapelle. Le Christ devant lequel elle a prié avant de monter dans la charrette est aujourd’hui dans le cabinet de M. le directeur.

— Passez ! passez ! interrompis-je, et au fait.

— Mais nous y sommes. Je racontais à l’homme à l’ombrelle verte que nous nous étions vus forcés de placer dans le cabinet de M. le directeur le fauteuil de la reine, parce que les Anglais emportaient tout le crin de ce fauteuil dans leurs porte-monnaie.

— Eh ! passez ! m’exclamai-je, impatienté.

— Monsieur, il faut bien que je vous répète ce que je racontais à l’homme à l’ombrelle verte, quand il m’interrompit sur un ton tellement étrange que l’autre monsieur et la dame remarquèrent tout haut « qu’ils ne reconnaissaient plus sa voix ».

— Ah ! ah ! Et que vous disait-il ?

— Nous étions arrivés exactement à l’extrémité de la rue de Paris. (Vous savez ce que c’est que la rue de Paris à la Conciergerie ?)

— Oui, oui, continuez.