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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

quelques petites inexactitudes et quelques omissions qui sont, après tout, excusables. Ainsi Mme de Bithynie, d’après ce monsieur le journaliste, aurait été victime, après le souper, des exigences amoureuses de l’homme aux cheveux blancs. C’est là une erreur que je ne saurais laisser se propager. Ma réputation en souffrirait. Quand je me présentai à Mme la maréchale de Boufflers, le 13 juillet 1721, je n’avais d’autre intention que de souper. Ces messieurs les historiens racontent que je fis subir les derniers outrages à Mme la maréchale de Boufflers. Ces messieurs les historiens sont des sots. J’ai beaucoup aimé Mme la maréchale à cause de son esprit, et nous eûmes ainsi le commerce le plus galant, mais aussi le plus honnête. Que messieurs les historiens réfléchissent un peu et qu’ils étudient les dates. Ils apprendront que Mme la maréchale avait, en 1721, dépassé la soixantaine, et vraiment j’ose dire que Cartouche avait d’autres morceaux à se mettre sous la dent. J’admets cependant que Mme la maréchale, malgré sa soixantaine, était d’un esprit si éveillé que nous passâmes en conversation la nuit la plus chaude du monde. Après ! Le diable n’y eût pas trouvé son compte. Quant à Mme de Bithynie, c’est une autre affaire. Mme de Bithynie est jeune et son ardeur est telle qu’il est bien difficile de lui résister. Mais je n’y suis pour rien ! Moi, je ne lui demandais qu’à souper ; le reste ne me regarde pas.

Théophraste, disant ceci, agitait l’index de la main droite avec autorité, et ce n’est ni Marceline ni Adolphe qui eussent osé le contredire. Marceline et Adolphe, oubliant toute prudence, se serraient les mains avec une émotion communicative.

Théophraste reprit le journal :

« L’histoire de la rue du Bac est beaucoup plus sim-