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XXIII

LA PARTIE DE DOMINOS. — LA LECTURE DES JOURNAUX APRÈS DÎNER.


Dans le cabinet où naguère encore ronronnait le petit chat violet, on avait fait le lit de M. Lecamus. M. Longuet occupait seul la chambre conjugale. Marceline habitait un petit lit de fer volant dans le salon. Ce petit lit n’était pas un embarras dans la journée, mais un ornement, car, replié et recouvert d’une housse à fleurs, il supportait la corbeille de Sarreguemines raccommodée depuis la nuit funeste où elle tomba en même temps que les oreilles de M. Petito. Après le dîner, on faisait une partie de dominos devant les tasses de café bouillant ; M. Lecamus, qui était Normand, s’amusait à des termes de terroir. Quand il posait le double-six, il s’écriait : « V’là l’ doub’ nègre ! » Quand il posait un cinq, il s’écriait : « Un quint ! (un chien) Ça mord ! » Quand il posait un as, il s’écriait : « L’asticot ? Amorce ! » Le trois l’incitait à cette phrase : « Si t’as du cœur, pose une queue d’cochon ! » (Le numéro 3 a, en