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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

après avoir remué, resta immobile ; enfin, peu à peu, il diminua, et quand il fut revenu à un volume normal, M. de la Nox demanda au patient pourquoi son ventre avait pris cette forme insolite, et pourquoi il avait, lui, Théophraste, pendant le gonflement de ce ventre, conservé le plus parfait silence. Mon ami répondit qu’il aurait été bien embarrassé de parler, attendu qu’on lui avait mis un entonnoir dans la bouche, et que si son ventre avait ainsi gonflé, c’est qu’on avait versé dans cet entonnoir plusieurs seaux pleins d’eau ; enfin, qu’il avait rendu cette eau sans plus de dommage. »

M. de la Nox, un instant, se pencha si précipitamment sur le cœur de Théophraste que Mme Longuet crut à quelque issue fatale ; mais il résulta de la demande qui fut posée que Cartouche alors faisait le mort. Ses bourreaux et ses juges, et même les médecins, y furent trompés ; on le laissa seul une heure, et il en profita pour glisser dans une fente de la muraille contre laquelle il était appuyé un billet qu’il avait écrit de son sang avec une aiguille de bois, le matin même, dans son cachot de la tour Montgommery. C’était ce billet qui était le Document, et, sur une question que fit poser encore à ce propos M. Lecamus, on apprit que le Document révélait bien l’existence de très réels et importants trésors. Je ferai encore remarquer au lecteur combien l’attitude de M. Lecamus en cette occurrence était indécente. La vie de Théophraste était en danger et c’étaient encore les trésors qui le préoccupaient. Voulant même profiter de l’état de douloureuse hypnose dans lequel se trouvait M. Longuet, il tenta d’obtenir des renseignements complémentaires à cet égard. Mais M. de la Nox et Marceline elle-même mirent fin à cette scène regrettable, et M. Lecamus en fut pour sa rougeur et sa courte honte.

M. Lecamus, dans la relation de ces sensationnels