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XVIII

M. THÉOPHRASTE LONGUET SUBIT LA TORTURE SANS AUCUN COURAGE, MAIS EN POUSSANT DE CURIEUX HURLEMENTS.


L’auteur de ces lignes a toujours estimé qu’il appartenait seulement à une littérature de décadence de s’attacher à peindre, sans utilité, des objets d’horreur. Ne dirait-on point vraiment qu’il n’est de joie, pour certains auteurs, que dans la description minutieuse, ardente, palpitante, satanique des pires tableaux de la perversité des hommes ou de la cruauté des choses ! Ils recueillent avec un soin jaloux tout ce que peut inventer le Malheur ; ils ne laissent se perdre aucun gémissement ; au besoin, ils apprendraient à la Douleur à enfanter.

Ceci vraiment — ne le pensez-vous pas ? — devrait être défendu par les lois qui ont la garde de la raison sociale. Que ferons-nous et que deviendra le monde — je vous le demande — le jour où la raison sociale fera faillite ? La société, c’est tout à fait certain, ne peut vivre sans la Raison. Il serait grand temps qu’on préserve celle-ci des coups regrettables qu’on lui porte.