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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

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» — L’imbécile, fit entendre dans son sommeil Théophraste, c’est Cartouche !

» M. de la Nox se tourna vers nous,

» — J’attendais ce mot, nous dit-il, pour lui faire quitter le maintenant ! Priez, madame ; priez, mon ami ; l’heure est venue ! Je vais tenter Dieu.

» Et alors, il parla, il commanda, et il était impossible, oh ! tout à fait, tout à fait impossible de ne pas obéira sa voix.

» — Cartouche, fit-il en étendant sa main au-dessus du lit de sangle avec une majesté supérieure, Cartouche, que faisais-tu, à dix heures du soir, dans la nuit du 1er avril 1721 ?

» — Le 1er avril 1721, à dix heures du soir, répond sans hésiter Théophraste, je frappe deux petits coups secs, un en haut de la porte, un autre en bas, dans le dessein de faire ouvrir le cabaret de la « Reine Margot »… Après l’algarade, jamais je n’aurais cru que je pourrais atteindre aussi facilement la rue de la Ferronnerie… Mais j’avais crevé le cheval du garde française ou plutôt il avait culbuté près de la pompe Notre-Dame. Mais j’avais dépisté ceux qui me poursuivaient… À la « Reine Margot », je trouve Patapon, la Porte-Saint-Jacques, Gâtelard et Gueule-Noire… La Belle-Laitière est avec eux… Je leur raconte l’histoire en vidant une bouteille de ratafia… J’avais confiance en eux et je leur dis que je soupçonne Va-de-Bon-Cœur et peut-être bien Marie-Antoinette d’avoir soufflé quelque chose aux mouches. Ils se récrient. Mais je crie plus fort qu’eux. Ils se taisent. Je leur annonce que je suis décidé à faire proprement l’affaire de tous ceux qui me donneront motif à soupçon… Et j’entre dans une belle colère… La Belle-Laitière me dit que je ne suis plus vivable… C’est vrai