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ÉLIPHAS DE SAINT-ELME DE TAILLEBOURG DE LA NOX

Alors, Théophraste entendit une voix amie, une voix mâle, mais plus douce que la plus douce des voix de femmes, qui lui disait :

— Venez à moi sans crainte.

Ce qui étonnait par-dessus tout M. Longuet depuis qu’il avait pénétré dans cette étonnante maison de la rue de la Huchette, c’était cette sorte de lumière astrale, de fluide miraculeux que dégageaient les nobles traits de M. Éliphas de la Nox, et telle que le peintre James Tissot a pu la reproduire en une gravure d’une beauté ineffable, d’après une apparition médianimique photographiée, communiquée au congrès spirite de 1889 par Donald Nac-Nab. Sur cette gravure, à côté de la matérialisation d’une apparition de jeune fille, on voit M. Éliphas de la Nox, médium, et sa lumière.

La personne de M. Éliphas de la Nox était d’une divine élégance, comme peut être élégant un Christ du Tiepolo. Il avait été divinement élégant au sortir de l’adolescence en mangeant trois millions avec les pauvres.

Non point, vous m’entendez bien, qu’il eût constitué quelques donations, aussi sérieuses que perpétuelles, destinées à soulager de rares malheurs et à nourrir de nombreux et intéressants employés d’une Assistance publique ou privée, mais il avait « fait la noce » avec les pauvres. Il invita les plus misérables en des villégiatures d’une incomparable magnificence, où, des mois, ils menaient vie de princes, tout en conservant leurs loques, car Éliphas, qui leur offrait entre autres exceptionnels luxes, celui de la chasse à courre, prétendait n’être point assez riche pour leur payer des pantalons.

Théophraste ayant contemplé en silence le rayonnant visage de M. Éliphas de la Nox (car il faut renoncer à