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ÉLIPHAS DE SAINT-ELME DE TAILLEBOURG DE LA NOX

lement dans la rue. Je ne suis, chère madame, ni un voleur ni un assassin ; je suis un honnête marchand de timbres en caoutchouc.

Adolphe lui avait déjà saisi le bras et l’entraînait dans l’escalier, mais Théophraste continuait :

— Tout ceci est de la faute d’Adolphe, chère madame, qui a voulu que je lui montre comment Simon l’Auvergnat pouvait me servir de base de colonne !

Adolphe, derrière Théophraste, faisait des signes à la dame aux papillotes, tendant à lui faire comprendre que son ami était toqué. Là-dessus, la dame tomba sans connaissance dans les bras d’une femme de chambre qui accourait. L’escalier était envahi. Adolphe en profita pour emmener Théophraste. Ils passèrent au travers de la foule sans difficulté et Théophraste disait à Adolphe :

— Ce qu’il y a de tout à fait surprenant, mon cher ami, c’est que ce Simon l’Auvergnat, qui nous servit de base de colonne pendant plus de deux ans, ne s’est jamais douté de rien. Il croyait livrer ses fortes épaules à une bande de jeunes seigneurs qui s’amusaient[1] !

Adolphe n’écoutait plus Théophraste ; d’une main, il l’entraînait à grands pas vers la rue de la Huchette, et, de l’autre, il essuyait la sueur qui lui coulait du front.

Ah ! il est temps ! murmurait-il, il est temps ! Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Où me mènes-tu ? demanda Théophraste.

— Chez un de mes amis.

Rue de la Huchette, ils pénétrèrent sous un porche rouge, dans une maison dont certainement il eût été impossible de dire l’âge. Adolphe semblait connaître

  1. Authentique. Lors du procès des complices de Cartouche, la bonne foi de Simon l’Auvergnat fut démontrée et il eut la vie sauve.