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HISTOIRE DES OREILLES DE M. PETITO

intervention miraculeuse l’arrêtait sur le bord du crime, et il fit une prière rapide dans laquelle il promit au ciel qu’il ne recommencerait plus. Cependant, un quart d’heure passé encore, comme il n’entendait plus rien, il attribua ces événements surprenants au trouble qu’apportait dans ses sens son exceptionnelle besogne, et il reprit le chat violet qui rerereronronna.

Mais alors la porte de la chambre s’ouvrit avec violence et M. Petito, anéanti, tombait dans les bras de M. Longuet qui n’exprima aucun étonnement.

M. Longuet rejeta avec mépris M. Petito sur le parquet et courut au chat violet dont il s’empara : puis, ayant ouvert la fenêtre, il jeta le chat violet dans la rue, après avoir préalablement retiré de la tête du chat l’épingle de cravate qu’il y avait mise et à laquelle il tenait beaucoup, parce que Marceline la lui avait offerte pour sa fête.

— Sale chat ! dit-il dans une colère inexprimable, tu ne nous empêcheras plus de dormir !

Pendant ce temps, M. Petito, qui s’était relevé, ne savait plus quelle contenance tenir, d’autant que Mme Longuet, en chemise, le visait assidûment d’un gros revolver au brillant nickel. Il ne trouvait que cette phrase :

— Je vous demande pardon ! Je vous croyais à la campagne !

Mais M. Longuet vint à lui et lui prenant entre le pouce et l’index l’une de ses oreilles, qu’il avait fort longues, il lui dit :

— Maintenant, mon cher monsieur Petito, nous allons causer !

Marceline abaissa le canon de son revolver et, lui voyant tant de courage, considéra son mari avec une admiration extatique. Théophraste continuait :