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HISTOIRE DES OREILLES DE M. PETITO

et, sans bruit, apporta un petit lexique. Ils suivirent et inscrivirent tous les mots substantifs qui commençaient par la syllabe Four. Ils trouvèrent : Fourche, Fourchette, Fourchure, Fourgon, Fourmi, Fourmilière, Fournaise, Fourneau, Fournil, Fourrage, Fourrière, Fourrure.

À cause du mot le, ils furent d’avis de ne prêter point d’attention à la Fourche, ni à aucun des substantifs féminins. Il restait Fourgon, Fourneau, Fournil, Fourrage, qui ne leur apprenaient rien.

C’est alors que la pendule, sur la cheminée, sonna minuit. Mme Petito, très pâle, se leva et fit un signe. Plus pâle encore, M. Petito était debout.

— Voilà le moment ! dit Mme Petito. Tu trouveras des renseignements utiles en bas.

On ne peut pas t’entendre, ajouta-t-elle, avec tes chaussons de corde ; je veillerai derrière notre porte, en haut de l’escalier. Tu sais qu’il n’y a aucun danger ; ils sont à Esbly.

Une ombre, deux minutes plus tard, glissait sur le palier de M. Longuet, introduisait une clef dans la serrure de la porte de M. Longuet et pénétrait dans le vestibule de M. Longuet. L’appartement de M. Longuet avait exactement la même disposition que celui de M. Petito. Celui-ci trouva facilement son chemin dans la salle à manger ; il agissait avec d’autant plus de présence d’esprit qu’il croyait l’appartement inhabité. Il poussa la porte du cabinet et vit le chat violet sur le bureau. Comme c’était évidemment à la serrure du bureau qu’il en voulait, M. Petito retira le chat violet, qui le gênait sur le bureau, et le plaça sur la table à thé ; puis il quitta la pièce tout de suite et se précipita sans bruit dans la salle à manger, de là dans le vestibule, car il lui avait semblé entendre des voix dans l’escalier.