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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

— Oh ! ce n’est pas possible, murmura Marceline, nous sommes victimes d’une hallucination. Du reste, cela n’a rien d’étonnant, depuis ce qui nous est arrivé à la Conciergerie.

Le ronron s’était encore tu. Ce fut Marceline, cette fois, qui se leva ; elle poussa la porte du cabinet et se retourna aussitôt vers Théophraste. Elle dit, mais avec quelle pauvre voix, quelle mourante voix :

— Tu n’as donc pas remis le chat violet sur le bureau ?

— Mais si ! geignit Théophraste.

— Eh bien ! il est retourné sur la table à thé !

— Mon Dieu ! fit le pauvre homme en se cachant la tête sous les couvertures…

Le chat violet ne ronronnait plus. Marceline fut persuadée que son mari, dans le désordre de son esprit, avait laissé le chat sur la table à thé. Elle alla l’y prendre et le replaça sur le bureau, en retenant sa respiration. Le chat violet fit entendre son ronron pour la quatrième fois, mais Marceline ni Théophraste n’y virent cette fois, pas plus que la seconde, d’inconvénient. Marceline se recoucha. Le quatrième ronron s’était tu.

Un nouveau quart d’heure s’écoula, au bout duquel un cinquième ronron… Alors, chose incroyable, Théophraste bondit comme un tigre, et s’écria :

— Ah ! c’est trop fort, à la fin !… Par les tripes de Mme de Phalaris ! qu’est-ce qui m’a f… un pareil chat violet !