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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

la chambre à coucher et par une porte qui ouvrait sur la salle à manger. Que ceci soit entendu une fois pour toutes !

Je n’ai point à vous donner le détail de l’ameublement de cet honnête appartement. Il me suffit de vous dire — ce qui est beaucoup plus important tout de même que vous ne pourriez l’imaginer — que dans le petit cabinet il y avait un bureau (puisque c’était à cause de ce bureau que le cabinet s’appelait dans le langage courant du ménage : le bureau), que ce bureau était appuyé contre le mur, qu’il avait des tiroirs au-dessus de la table de travail et sous la table de travail, que cette table de travail se refermait sur elle-même et présentait alors un ventre harmonieusement arrondi, que ce ventre était percé à l’endroit du nombril d’une serrure et que lorsque cette serrure était fermée toutes les serrures de tous les tiroirs se trouvaient par le fait fermées ; à l’ordinaire, quand le bureau était ainsi fermé, M. Théophraste Longuet, à l’endroit de la serrure, autant pour cacher cette serrure-nombril qu’en manière d’ornement, déposait un petit chat violet.

Ce petit chat violet, qui avait des yeux de verre, n’était autre chose qu’une ingénieuse pelote soyeuse destinée à essuyer l’encre des plumes et à recevoir la piqûre des épingles, objet nécessaire à tout individu qui travaille de tête. Il ne faut pas oublier non plus que dans le bureau se trouvait encore une table à thé.

Ceci expliqué, nous n’avons plus qu’à reprendre nos trois personnages où nous les avons quittés. L’addition payée, Adolphe offre son bras à Marceline ; Théophraste suit avec son ombrelle verte. Une heure de marche lente (pour faire la digestion) les conduit à la porte de la rue Gérando. On prie Adolphe de monter. Marceline insiste. Adolphe les accompagne dans l’escalier. Il pé-