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LA DOUBLE VIE DE THÉOPHRASTE LONGUET

 ? pensai-je ; elle m’est essentiellement antipathique. Adolphe me demanda la raison de mon agitation et je me souvins tout à coup :

» Eh mais ! je jurerais, m’écriai-je, que c’est M. Petito, le professeur d’italien du dessus ! Qu’est-ce que M. Petito vient faire à Saint-Germain ? Je lui souhaite de ne point se jeter dans mes jambes.

» — Que t’a-t-il donc fait ? demanda Adolphe.

» — Oh ! rien. Seulement, s’il se jette dans mes jambes, je te jure que je lui coupe les oreilles !

» Et vous savez, je l’aurais fait comme je le disais.

» Nous allâmes donc, sans plus penser à M. Petito, au château. C’est un merveilleux château, que l’on rebâtit tel qu’il fut sous François Ier. Nous entrâmes dans le musée, et alors je regrettai que ce château qui sait toute l’histoire de France, où se déroula la longue et merveilleuse aventure de nos rois, je regrettai que ces murs, qui eussent dû servir de cadre à notre passé, même si on n’avait mis rien dedans, servissent aujourd’hui de bazar pour plâtres romains, armes préhistoriques, dents d’éléphants et bas-reliefs de l’arc de Constantin. Ma colère devint de la rage quand j’appris que le masque de cire de Cartouche ne s’y trouvait pas. Je venais d’enfoncer traîtreusement le bout de mon ombrelle verte dans l’œil, que je crevais, d’un légionnaire de plâtre, lorsqu’un vieux gardien vint à nous et nous dit qu’il croyait bien savoir qu’il y avait un masque de cire de Cartouche à Saint-Germain, qu’il se trouvait, pensait-il, dans la bibliothèque, mais que celle-ci était fermée depuis huit jours pour cause de réparation.

» Je donnai dix sous à ce brave homme et nous nous en fûmes vers la terrasse, nous promettant de revenir en temps utile, car plus le masque de cire s’éloignait, plus je brûlais de le toucher.