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LE MASQUE DE CIRE


Brun, sec, maigre, petit, mais grand par le courage,
Entreprenant, hardi, robuste, alerte, adroit.


— Tu ne m’as point dit comment tu as eu ce portrait de la rue Guénégaud ?

— C’est la copie d’une photographie de Nadar.

Théophraste ne dissimula pas son étonnement :

— Nadar m’a donc photographié ?

— Parfaitement. Il a photographié un masque de cire qui devait te ressembler, puisque cette cire t’a été appliquée, par ordre du régent, sur le visage, Nadar a photographié cette cire le 17 janvier 1859.

— Et où se trouvait ce masque de cire ?

— Au château de Saint-Germain.

— Je veux le voir, s’écria Théophraste, je veux le voir, le toucher ! Nous irons demain à Saint-Germain !

À ce moment, Marceline, en galant déshabillé, leur ouvrit avec un sourire les portes de la villa « Flots d’Azur ».

Je publie ici un passage intégral des mémoires de Théophraste :

« Mon désir était grand, écrit Théophraste, de voir, de toucher cette cire que l’on avait appliquée sur ma peau. Ce désir grandit encore si possible quand Adolphe fut entré dans certains détails. Il me dit que c’était depuis le 25 avril 1849 que le château de Saint-Germain-en-Laye possédait le portrait de cire du fameux Cartouche. Il paraît que ce portrait fut donné par un abbé Niallier, héritier sous bénéfice d’inventaire d’un M. Richot, ancien officier de la maison du roi Louis XVI. M. Richot, décédé à Saint-Germain, possédait depuis de longues années ce portrait, d’autant plus précieux qu’il avait appartenu à la famille royale.

» Ce buste en cire aurait donc été, d’ordre du régent,