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LES RÉFLEXIONS DE FANNY
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son Jacques… comment eût-elle douté de son erreur… Et maintenant !… Voilà que maintenant elle était sûre que Jacques lui avait menti !

André a été assassiné en automobile ! Oh ! phrase flamboyante, lettres de feu à la lueur desquelles elle apercevait du même coup son mari penché sur les morceaux de la soucoupe qu’il vient de briser et sur ceux du verre qui vient de lui échapper, à cinq ans de distance !…

Car Jacques n’est pas un maladroit !… il n’a cassé, en cinq ans, que cette soucoupe et que ce verre…

En automobile, il l’aurait tué en automobile !…

Est-ce qu’elle pensait vraiment cela ?… Est-ce qu’elle l’avait sérieusement pensé ? Est-ce qu’elle pouvait, enfin, le penser ?

L’enquête n’avait-elle pas démontré que l’on avait vu les deux frères sur le quai de la gare d’Orsay et Jacques remonter seul, et repartir seul dans son auto ?…

Elle avait si bien pensé cela, malgré tout… que, pour n’y plus penser, elle était venue chercher à Paris la preuve que Jacques avait bien, ce matin-là, rapporté le panier de manchons dont il lui avait parlé. Et voilà qu’elle ne rapportait d’autre preuve que celle qu’il lui avait menti… et que sans doute, sans doute, c’était bien la malle qu’il avait traînée derrière lui, à Héron… Du reste, l’enquête n’avait pas trouvé trace de la malle… mais n’en avait tiré aucune conclusion… car, au bout de trois mois, les employés ne pouvaient donner aucune in-