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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

— Je n’invente rien !… lisez : « les faire revivre ». Et entre autres choses, voilà ce qu’à ce déjeuner, à propos de la mort et de la résurrection des tissus, voilà ce que dit le Dr Tuffier :

« Ce serait là d’audacieuses opérations chirurgicales. Vous savez que les annales de chirurgie citent déjà quatre ou cinq massages du cœur qui comptent parmi les tentatives les plus hardies. Dans un cas de traumatisme du cœur, si une balle est venue se placer dans un ventricule, par exemple, il arrive que l’enveloppe cardiaque, le péricarde, gonfle, comprime le cœur qui se tait et cesse de battre. On peut alors ouvrir un « volet » dans la poitrine, inciser le péricarde et masser le cœur. La circulation qui avait cessé reprend peu à peu. Le sang figé dans les veines afflue au cœur et reprend sa route vers la périphérie. L’homme qui était mort ressuscite ! Il vit ! Il peut guérir ![1] »

— Voilà comment a parlé le Dr Tuffier, et j’estime, n’est-ce pas, qu’il n’y a plus rien à ajouter », conclut le papa Moutier en rangeant avec soin la coupure dans son immense portefeuille.

Mais il ajouta, cependant :

« Et voilà comment, mon cher, scientifiquement, on peut aller chez les morts et en revenir !…

— Docteur, je vous fais amende honorable,

  1. Le Matin du 17 juillet 1909.