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LES THÉORIES DU DOCTEUR CARREL
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elle fait vraiment pitié : « Vous voyez bien, encore une fois, que toutes les histoires que vous me racontez, ne tiennent pas debout ! Vous vous forgez tout cela dans votre petite tête et vous y croyez dur comme fer… Quoi d’étonnant à ce que la nuit vos hallucinations viennent vous raconter les folies que votre petite tête a perpétrées pendant tout le jour ?… D’où l’histoire du fantôme et de l’automobile… Si M. Saint-Firmin, le lendemain du départ d’André, n’avait pas pris exceptionnellement une auto et si vous ne l’aviez pas su… le fantôme ne vous aurait jamais parlé d’automobile ! c’est clair ! »

— Et qu’est-ce qu’elle vous a répondu ? demanda Fanny.

— Elle m’a répondu qu’elle voudrait être morte !…

— Pauvre petite ! j’irai la voir cet après-midi.

— Ce qu’il y a d’amusant dans cette lugubre histoire, fit remarquer Jacques, c’est que le docteur qui passe son temps à nous faire croire aux fantômes quand nous sommes bien portants, n’est tranquille que lorsqu’il en a chassé de nos cervelles la sotte imagination, quand nous sommes malades !

— Mon cher, vous ne voudriez tout de même point que je confonde les fantômes de Mme Saint-Firmin avec ceux de William Crookes !

— Pour moi, je vous avouerai… » commença Jacques… Mais le docteur le pria de se taire s’il tenait à conserver son amitié.

« Allons ! ne nous fâchons plus ! concéda Jacques, car nous étions fâchés, ma chère