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CEUX QUI CROIENT AUX FANTÔMES
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« Vous comprenez, moi, parmi les morts, il n’y a que Napoléon Ier qui m’intéresse ! Je voudrais savoir ce qu’il fait là-haut, entre ses deux femmes, Joséphine et Marie-Louise ! Mademoiselle Hélier, je vous en prie, la prochaine fois que vous aurez l’occasion de vous trouver seule avec lui, demandez-lui un peu comment il s’arrange !…

— Alors William Crookes a photographié des fantômes ? reprit soudain la lointaine voix blanche de la pâle Mme Saint-Firmin…

— Mais oui, madame, répliqua simplement le Dr Moutier… et il n’y a pas que lui !…

— Mais comment peut-on photographier de purs esprits ? demanda une vieille dame intéressée, mais sceptique.

— C’est que ces purs esprits, madame, répondit le docteur avec une conviction tranquille, et je vous cite là l’opinion et l’explication de gens qui n’ont jamais passé pour des imbéciles, c’est que ces purs esprits ne sont point dénués entièrement de forme !… Il leur reste une forme généralement invisible à nos yeux, impalpable dans les conditions ordinaires, mais qui n’en existe pas moins, et que l’on appelle le peresprit.

— C’est trop d’esprit pour moi », déclara le notaire. Mais on le fit taire encore, et tout le monde fut d’accord pour réclamer du docteur des renseignements sérieux sur le peresprit.

« Eh ! mon Dieu ! qu’est-ce qui ne connaît pas, à notre époque, le peresprit ? osa encore faire entendre, outrée à la fin de tant d’ignorance, la timide Mlle Hélier.