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LA PENSÉE DES DEUX ÉPOUX
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vés tant ils avaient eu peur… Ils racontaient que le fantôme leur avait parlé et leur avait dit tristement : « Pourquoi vous sauvez-vous !… Vous ne me reconnaissez donc pas ? »

Ils l’avaient bien reconnu, mais leur papa mort leur faisait trop peur…

Exaspérée par cette nouvelle « imbécillité » (ce fut le terme dont elle se servit pour qualifier l’événement), Mme de la Bossière sauta de la voiture et questionna posément Germaine qui était déjà assez raisonnable pour ne plus croire à de pareilles sornettes. Germaine qui tenait son petit frère sanglotant dans ses bras, et qui pleurait presque aussi fort que lui, ne put que répéter : « Nous avons vu papa !… Nous avons vu papa dans la penderie… il nous a parlé !… »

Mais la colère de Fanny trouva particulièrement à se manifester, quand, s’étant retournée vers les domestiques, elle apprit d’eux qu’ils n’avaient pas osé aller eux-mêmes dans la penderie pour rassurer les enfants et leur prouver qu’il n’y avait pas de fantôme du tout !…

La nouvelle institutrice, elle-même, ne savait que répondre : « Mon Dieu ! mon Dieu ! »… en joignant les mains, et, cependant, elle était bien connue pour ses sentiments « laïques ».

Et tous les autres, montrant la fenêtre aux volets clos de la penderie, disaient : « Oh ! madame, il n’y a plus de doute… il est là… il est là !… »

Même ceux qui ne croyaient pas aux fantômes, c’est-à-dire les esprits forts, déclaraient