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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

Toute la question était là. Fanny ne quitterait point la Roseraie avant de l’avoir résolue.

Jacques partit pour Héron, à 9 heures, au bras de son valet de chambre. Il avait désiré cette promenade à pied dans la belle matinée un peu froide.

Il se trouvait bien, déjà solide, et heureux de faire un tour à l’usine, ce qui ne lui était pas arrivé depuis quelques semaines.

Il embrassa Fanny en la priant qu’elle ne tardât pas à le rejoindre au Terminus où il descendrait sous un faux nom pour déjouer la curiosité des journalistes. Il ajouta qu’il passerait deux heures environ à Héron pour prendre les dernières dispositions avant le voyage ; à 11 heures, il monterait dans l’auto et déjeunerait à Paris.

Toute la matinée fut occupée par Fanny à donner des ordres pour les bagages, à régler la situation de ses gens pendant son absence, à recevoir une vieille demoiselle de Juvisy qui devait prendre auprès de Germaine et du petit François la place de Mlle Hélier et qui, tout en protestant qu’elle était d’esprit sain et qu’elle n’avait jamais cru aux fantômes et qu’elle n’avait jamais fait tourner de tables, regardait toutes choses autour d’elle avec un air d’égarement comme si elle redoutait de voir sortir du plancher ou des murs le diable en personne.

Le valet de pied, la femme de chambre anglaise et l’aide de cuisine, devaient s’en aller, eux, dès le soir. Ils prétendaient avoir vu, la nuit précédente, le fantôme se glisser dans le