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SUR LA LIMITE
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Une voix, il a entendu une voix sourde qui appelait : « Jacques ! Jacques ! »…

La voix, maintenant, s’est tue… mais Jacques perçoit distinctement du frôlement contre la porte !…

Alors, il perd toute mesure ! il en a assez !… Il faut en finir avec ce fantôme. Ce fantôme enfermé dans la penderie fait vraiment trop de bruit avec sa chaîne.

Jacques va chercher son fusil, puis bravement, héroïquement, ayant tiré de sa poche un de ses lourds trousseaux de clefs qui ne le quittent plus… il introduit l’une de ces clefs dans la serrure de la penderie et, d’un coup, ouvre la porte, bravement ! héroïquement !…

Ah ! si le fantôme est là, il va le foudroyer, c’est sûr ! il se rue dans la pièce, le doigt sur la gâchette de son fusil… Pas de fantôme !… Non !… Il n’y a pas de fantôme dans cette petite chambre dont son regard fait le tour…

S’il y avait eu un fantôme, il l’aurait aperçu immédiatement, parce que cette petite chambre n’est éclairée que par la lumière venue de la grande. Il règne là une pénombre dans laquelle les fantômes — quand il y en a — se détachent avec une parfaite netteté… et chacun sait, du reste, que les fantômes sont bien plus visibles dans l’obscurité que dans la lumière…

Cependant, une minute auparavant, le fantôme d’André était là… Il l’a entendu remuer, il l’a entendu parler !… Où est-il passé ?… Qu’est-il devenu ?… Par où s’est-il enfui ?…

Ah ! là-bas, la fenêtre remue !… la fenêtre est entr’ouverte. Le fantôme vient d’ouvrir la