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UN DÉPART PRÉCIPITÉ
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tannique qu’elle négligeait depuis quelque temps, le trouvant déplacé dans l’humble condition qu’ils occupaient.

Jacques avait eu de la peine à calmer cette exaltation : « Attends au moins qu’il soit parti ! » mais quand ils eurent aperçu, à travers les vitres de la salle à manger, André remontant dans sa charrette anglaise, ils s’étaient précipités sur les papiers, les avaient lus, dévorés… Un tiers sur les bénéfices… un tiers !… C’était la fortune !… Et tout était en règle… tout avait été admirablement préparé, rédigé, on avait pensé à tout. Il n’y avait plus qu’à signer… et Jacques avait signé d’un paraphe triomphant, tandis que Fanny riait nerveusement derrière lui…

« Et vous pensez, petit tchéri, avait-elle dit, qu’un arrangement pareil, ça n’est pas pour deux jours !…

— Il a dit : des mois…

— Ne pensez-vous pas, petit tchéri, que ceci a l’air d’un testament ?…

— Un peu, avait répliqué Jacques.

— Que peut-il donc lui être arrivé ?…

— Ce qui lui est arrivé est tout récent, car je l’ai encore vu à six heures à l’usine et il ne m’a parlé de rien, et il ne paraissait point craindre ou espérer quoi que ce fût de nouveau ; c’est inimaginable… et cependant, il a fallu que ce fût vite fait pour qu’il ait eu le temps de courir chez son notaire à Juvisy et de tout régler avec le vieux Saint-Firmin…

— Une histoire de femme ? » avait émis Fanny…