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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

villa ouverte, et, sur le seuil, la vieille servante qui se lamentait. Un peu plus loin, dans l’ombre, on apercevait des voitures. En reconnaissant Mme de la Bossière, la servante dit aussitôt :

« Ah ! madame… vous n’avez pas rencontré monsieur !… Je voudrais bien qu’il rentre de l’étude !… Ils sont bien là une vingtaine à tourmenter cette pauvre madame Marthe !… C’est des journalistes venus de Paris qui lui demandent des choses, des choses…

— Zut ! s’exclama le petit Darbois, je suis brûlé ! les confrères !… surtout, madame, ne dites pas qui vous êtes, car ils vous feraient tellement parler que vous ne vous y reconnaîtriez plus ! Il y a longtemps qu’ils sont là ?

— Dix minutes, peut-être, je ne voulais pas les recevoir ! Ils m’ont glissé sous le nez !… Il y en a un qui m’a embrassée… Qué vermine !… »

Fanny, en apprenant qu’une vingtaine de journalistes se trouvaient réunis autour de Marthe, fut aussi désespérée que le petit Darbois, mais pour d’autres raisons. Elle suivit le reporter qui entrait dans le salon, carrément, après avoir frappé deux petits coups, pour la forme.

Ils trouvèrent les journalistes, les uns assis, les autres debout, qui prenaient des notes comme des écoliers, autour de Marthe, laquelle, debout contre la cheminée, leur dictait, d’une voix calme, des phrases comme celles-ci :

« Dites bien que lorsque Mlle Hélier est venue chez moi, elle m’y a trouvée souffrante,