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CHAPITRE II

UN DÉPART PRÉCIPITÉ



Tout en se mettant du rouge, Fanny revécut le fameux soir où, après dîner, dans la salle à manger de leur petit appartement de Héron, après une triste discussion où les deux époux s’étaient dit quelques vérités assez amères, André était entré tout à coup, secouant leur lamentable accablement.

Il était effroyablement pâle.

Ah ! elle se rappelait tous les détails, toutes les paroles échangées, tout.

André était, comme Jacques, de haute stature, et généralement donnait une impression de force. Or, ce soir-là, il tremblait et il avait un pauvre visage désespéré qui faisait pitié.

En le voyant dans cet état, ils s’étaient levés tous deux, effrayés :

« Qu’y a-t-il ?

— Il y a… Il y a… »

Mais il ne put tout d’abord en dire plus long, et il s’était affalé sur un siège, arrachant son faux col, respirant longuement.

Et comme Jacques s’inquiétait, il avait fini