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JACQUES EST MORT
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immédiat démenti, le vent s’éleva aussitôt et ils furent stupéfaits d’entendre si vite sa voix lamentable aboyer aux fenêtres et s’engouffrer dans les vastes cheminées. Et les chiens se remirent, dans le même moment, à hurler à la mort ! Et ce fut un concert si triste que Jacques se boucha les oreilles. Mais, tout à coup, Fanny lui arracha les mains des oreilles.

« J’ai entendu le bruit de chaîne ! dit-elle… Et ce bruit est dans l’appartement… je te dis que quelque chose a remué dans ta chambre…

— Ah ! c’est toi, maintenant, c’est toi ! Tu vois que je ne suis pas si fou !… C’est le fantôme qui se promène !… Il est dans ma chambre !…

— Où est ton revolver ? demanda Fanny, la gorge sèche, la voix sifflante.

— Ah ! oui, mon revolver !… Tu as raison !… On ne sait jamais !… Et si je vois le fantôme, tu sais, je tire !… Je tire dessus comme sur un chien !…

— Je n’entends plus rien ! mais, certainement, reprit Fanny qui, maintenant, croyait à un danger réel… certainement quelqu’un a remué dans ta chambre…

— Attends ! je vais chercher mon revolver… Il est dans le tiroir de la table du cabinet de toilette… C’est le revolver qu’André a laissé !… Je tirerai sur le fantôme avec son propre revolver ! hein ! qu’est-ce que tu dis de ça ?… ça le fera peut-être fuir !… » et il ricana comme si déjà toute raison l’avait abandonné.

Brusquement, il ouvrit la porte du cabinet