Page:Leroux - L’Homme qui revient de loin.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE CRIME DE Mlle HÉLIER
153

vain de le raisonner. Elle se heurtait à cet argument qu’il ne cessait de répéter :

« Qu’elle l’ait vu ou qu’elle ne l’ait pas vu, c’est tout de même André, ou l’idée agissante d’André, qui l’a conduite ici pour sauver François !… Son vrai fantôme n’en ferait pas davantage !

— Si ! finit par répliquer Fanny… il ferait davantage !…

— Et quoi donc ? Tu trouves, toi, qu’il ne fait pas assez ?…

— Un vrai fantôme lui aurait déjà dit le nom de l’assassin !… »

Cette dernière réplique sembla produire un effet satisfaisant sur l’esprit bouleversé de Jacques, mais cet effet ne fut que momentané. Jacques ne croyait point au vrai fantôme d’André, mais l’état d’âme singulier de Marthe l’entretenait dans une inquiétude insupportable à cause du danger qu’il ne pouvait s’empêcher d’y voir. L’extase dans laquelle elle vivait donnait à la jeune femme une lucidité extraordinaire et la poussait à des gestes qui pouvaient avoir des conséquences irréparables.

Évidemment, les histoires de cadavres cachés dans les malles n’étaient point rares, mais qu’elle en parlât précisément à propos d’un crime « de ce genre », voilà qui était bien néfaste !… Et puis l’automobile !… et puis la blessure à la tempe !… Tout cela finissait par dépasser le domaine des imaginations et des coïncidences… et puis cette arrivée de Marthe au château, avec le fantôme d’André, dans le but déterminé de veiller sur le petit