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LA MAISON DU BORD DE L’EAU
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Jacques dit qu’il n’aimait point le tremble parce que c’était un arbre triste, toujours grelottant au moindre souffle et balançant ses hautes feuilles rondes comme dans une éternelle lamentation,

Fanny s’étonna que son mari eût de pareilles pensées sur les arbres ; elle ne l’eût jamais cru aussi poétiquement impressionnable.

Elle garda cette réflexion pour elle, cependant. Elle découvrait son mari depuis vingt-quatre heures. Jusqu’alors, elle ne le connaissait pas.

Ils étaient venus à pied, malgré la bruine, ayant revêtu caoutchoucs et pèlerines dans le désir d’une promenade à deux à travers champs. Depuis la veille, ils ne se quittaient point.

Il ne leur fallut pas plus de vingt minutes pour arriver à la villa.

C’était une petite maison carrée à deux étages, aux murs pâles et nus, aux fenêtres presque toujours closes de volets gris. Un toit d’ardoises. Pas de corniches, pas de balcons, pas d’ornements.

Un haut mur entourait un jardin qui prolongeait la propriété jusqu’au chemin de halage sur lequel pouvait ouvrir une petite porte que l’on voyait toujours fermée. De ce côté, les piliers vermoulus et le toit pointu d’un kiosque vétuste dépassaient le mur.

Jacques sonna à la porte de la maison. Une vieille servante vint leur ouvrir, et les reconnaissant, leur dit :

« Madame, sera bienheureuse de voir monsieur et madame.