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LE RÉCIT DE CAÏN
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jeter, fortement lesté, pour qu’il ne remontât pas, en Seine…

« Dans ce but, je lui bandai fortement le front avec un mouchoir, à cause du sang, et rabaissai la casquette sur la blessure. En somme, le crâne fracassé laisserait peu échapper de sang, mais, vous comprenez, j’avais peur des taches !

« Ceci fait, je le tirai jusqu’à l’auto. Où le mettre ?… Tout à coup, l’idée de la malle surgit en moi, comme une flamme.

« Il y avait là une malle qui, logiquement, devait disparaître avec son propriétaire. Eh bien ! il fallait mettre le cadavre dans la malle et faire disparaître la malle.

« La malle était fermée à clef. Je fouillai André, lui pris ses clefs, et j’ouvris la malle. Celle-ci était pleine. Je la vidai à moitié de ses vêtements et de son linge que je portai à l’intérieur de l’auto et sur lesquels je jetai une couverture. J’introduisis le corps dans la malle avec une adresse et une force dont je me serais cru incapable.

« Je voulais profiter des derniers voiles de la matinée, des brumes qui, heureusement, enveloppaient ma sinistre besogne. Quand je l’eus caché dans la malle, je rabattis le couvercle et refermai la malle à clef pour toujours !…

« Puis je rabattis la bâche sur le tout !… Après quoi, j’examinai minutieusement mes vêtements et l’auto et fis disparaître quelques traces de sang qui se trouvaient sur la manivelle… et je repris ma place au volant.