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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

partir !… Nous n’étions pas arrivés à Paris qu’il était décidé à rester !

« — Pourvu qu’on me croie parti, me dit-il, c’est tout ce qu’il me faut ! J’ai réfléchi. Je vais faire le simulacre du départ, mais je reviendrai sans que l’on n’en sache rien !… et quand j’aurai fait ce que je dois faire, je me moque de tout… et il ajouta : Je saurai bien me défendre tout seul !

« — Tu es donc menacé ? lui demandai-je.

« Il me répondit évasivement :

« — Moi… je m’en fiche !… et il ajouta immédiatement : pardonne-moi de te parler par énigme et n’essaie pas de comprendre. Au fond, c’est très simple, mais le secret ne m’appartient pas !

« Je n’insistai pas et je pensais à quelque histoire de femme. Je vous avoue que, dans le moment, je ne soupçonnai point une seconde que ce fût pour cette petite Marthe qu’il avait consenti à s’expatrier d’une façon aussi brutale… ce n’est que plus tard que l’idée m’en vint… Enfin, ce que nous savons aujourd’hui éclaire tout à fait les paroles d’André. En somme, il revenait pour la sauver, elle, des griffes de son mari et dès qu’il aurait réussi à la mettre à l’abri, il se moquerait de ce que pouvait faire le Saint-Firmin !…

« Mais tout ceci ne m’occupait guère ; je ne voyais qu’une chose, moi, c’est qu’il ne partait pas !… et que, dans quelques semaines, au plus, l’ancienne vie allait reprendre pour tout le monde à Héron et au château !… Or, cette vie-là, vous l’avez connue !… Moi aussi !… Les