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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

par André au moment de leur installation à Héron. Depuis qu’ils vivaient au château, elle ne leur servait plus guère ; et Fanny se rappelait même avoir conseillé à son mari, lors du déménagement, de faire transporter le vin qui s’y trouvait dans les caves de la Roseraie, à quoi Jacques avait répondu qu’André pouvait revenir d’un moment à l’autre et qu’ils apparaîtraient un peu ridicules. Du reste, le vin vieillirait aussi bien en paix à Héron qu’à la Roseraie. Et ainsi les choses étaient restées en l’état…

De temps en temps, deux ou trois fois par an, Jacques éprouvait soudain le besoin de goûter à certains crus de la Côte-d’Or et revenait de Héron avec un panier de bouteilles dans la charrette anglaise…

Mon Dieu ! comment peut-on rester éveillée toute une nuit, la cervelle occupée par des détails aussi oiseux ?… En voilà des histoires pour une clef de cave !… Est-ce que les amateurs, les vrais amateurs ne gardent point jalousement la clef du caveau où ils ont présidé avec tant de soin à l’arrangement de leur trésor liquide ?…

Mais est-ce que Jacques peut être compté parmi les vrais amateurs ?

Eh ! après tout, cette clef n’est pas la seule qu’il ait gardée à son trousseau et qui ne lui serve plus ! Ça l’amuse de remuer des clefs dans sa poche en se promenant dans les ateliers… c’est un tic… une manie.

Quatre heures du matin… Fanny entend le petit timbre argentin de la pendule de Boule,