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ne voulez pas changer : vous ne voulez donc pas vivre ; car vivre c’est changer. Pourquoi donc n’êtes-vous pas resté aux années de votre enfance ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêté et immobilisé à une certaine période de votre vie ? La plupart des hommes voudraient en effet s’arrêter et s’immobiliser ainsi ; et, par la même raison, quand il s’agit de vie future, ils voudraient, pour y croire, qu’on leur démontrât qu’ils seront transportés dans cette vie nouvelle avec tout leur bagage de souvenirs, et tout l’attirail de leurs manifestations actuelles, absolument comme ils se transportent en voiture d’un lieu à un autre. Et si on rit de leur folie, alors ils baissent tristement la tête, et ne voient plus que le néant. Ce ne sera plus moi, disent-ils, si je ne me souviens plus. Cette idée qu’ils se font de la vie future est prise des manifestations et non de l’essence de la vie. Ce sera d’autant plus vous, peut-on leur répondre, que vous vous souviendrez moins. L’avare existerait bien plus réellement, si on pouvait le débarrasser de son attachement insensé à son trésor, et lui faire oublier ce trésor et connaître la vie véritable. Sous prétexte de souvenirs que vous voulez garder, voyez si ce ne sont pas réellement vos vices que vous tenez à conserver, si ce ne sont pas vos richesses, votre puissance, c’est-à-dire votre avidité, votre avarice, votre orgueil, que vous