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manifestations, qui, l’occupant comme pourraient le faire des phénomènes, l’empêcheraient par là même d’agir. Car, si ses yeux étaient offusqués des vains fantômes du passé, assurément il ne verrait pas le présent, pour lequel il est fait ; et, pour se sentir avoir vécu sous une forme déterminée, il ne vivrait pas ; il ressemblerait au vieillard, qui ne vit plus pour avoir vécu. L’enfant donc n’a pas de mémoire de ses vies antérieures. Mais il est tellement vrai qu’il se sent être au même degré, et j’oserai dire à un plus haut degré, que l’homme fait ou le vieillard ; il est tellement vrai qu’il se sent éternel, que jamais enfant n’a compris la mort, n’a compris qu’il cesserait d’être. Il faut bien du temps et bien de la peine à l’enfant pour comprendre ce phénomène de la mort, tant vivre lui est naturel, c’est-à-dire tant il se sent, au fond de son être, avoir toujours vécu et devoir toujours vivre.

chapitre xiv. suite. Perpétuité des individus au sein de l’espèce. peut-on sérieusement s’imaginer que les enfants qui viennent à la vie soient, comme le disait l’école