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uns, que l’homme n’existe qu’un instant, les autres, que l’homme ne vit qu’un instant dans l’humanité, et qu’il va ensuite continuer sa vie éternelle dans d’autres planètes, dans d’autres astres ! Il nous semble que c’est vraiment nier toute harmonie des choses, tout plan, tout rapport, toute coordination dans l’œuvre divine. J’ai cité plus haut cette pensée de Leibnitz : "le monde invisible, dont les anciens ont tant parlé, est en Dieu et en nous aussi ; " et j’ai dit, en suite de cette pensée : l’humanité, portion de ce monde invisible, est en nous et en Dieu. J’ai prouvé, je crois, suffisamment le premier point, à savoir que l’humanité est en nous. Ce serait ici le lieu de développer le second, à savoir que l’humanité existe en Dieu. Dieu n’a pas créé vainement des espèces, et les départements divers, si je puis employer cette expression, que nous remarquons dans l’œuvre divine, ne sont pas des choses sans signification et sans réalité. Mais ce serait entrer dans la théodicée, dans la science la plus générale, la plus difficile, la plus obscure encore, dans la science des sciences. J’éloigne cette recherche, du moins pour ce moment. Je traite ici de l’humanité, et non de Dieu, ou de sa justice et de son gouvernement du monde. Je crois d’ailleurs avoir, indépendamment de la théodicée, assez de certitude dans la lumière que