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tout entière qui a contribué à la former. Si ce qu’il tient des autres lui était ôté, au lieu de ce magnifique vêtement de son esprit dont il se pare et qu’il croit à lui, il resterait nu comme le geai de la fable. N’ai-je pas en effet démontré solidement, dans un autre écrit, que l’esprit humain forme un grand tout, une unité, dont si on isole l’esprit d’un des hommes quelconques qui ont vécu, et qui ont été doués de plus de génie que les autres, à l’instant même ces grands esprits n’ont plus ni valeur ni signification. Ils valent par leur union avec l’esprit humain. De même qu’ils avaient été préparés, amenés, ils ont, à leur tour, préparé, amené ceux qui les ont suivis ; voilà en quoi ils valent : mais ôtez-les de cet ensemble, et leur valeur s’évanouit. Les vérités relatives qu’ils ont connues deviennent des erreurs ; ce ne sont des vérités qu’à condition que, reprises et transformées, elles se perfectionneront encore. Ce ne sont des vérités supérieures que par la comparaison avec celles qui avaient été aperçues auparavant. Que resterait-il donc soit au philosophe, soit à l’artiste, soit à l’industriel, si l’humanité qui, de toute façon, lui a donné naissance, et lui a fourni les matériaux de son âme, de son esprit, de sa