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je les possède par moi-même ; " et le voilà qui se regarde comme un être entièrement isolé, jeté par la nature au milieu de la masse des animaux, sans avoir plus de relation avec les hommes ses semblables qu’avec les autres êtres, à moins qu’il n’accepte et ne constitue lui-même ces relations. Le savant, à son tour, dit : "quel rapport entre moi et ce genre humain qui m’est si inférieur ! Mon intelligence est bien à moi ; l’élévation de mon âme est à moi." non, ni votre intelligence, ni la grandeur de vos sentiments, ni même vos sens et leur pénétration, rien de tout cela n’est à vous ; car vous tenez tout cela de l’humanité. Vous êtes sortis de l’humanité, vous vivez dans l’humanité, vous vivez pour l’humanité. Tes sens, sauvage orgueilleux, qui te les a faits ce qu’ils sont, sinon la longue suite de tes aïeux ? Crois-tu que tout animal ait les mêmes sens que toi ? Tu as hérité ces sens de tes pères, et tu les transmettras toi-même modifiés à tes fils. Ce qui, à cet égard, t’appartient donc uniquement, c’est la modification que tu apportes à l’humanité. Il en est de même de l’intelligence de l’orgueilleux civilisé, qui croit savoir et sentir par lui-même. Insensé ! Il n’a de connaissance et de sentiment que par l’humanité et pour l’humanité. Son esprit, dont il est si fier, lui vient des autres ; son âme, dont il s’enorgueillit, c’est l’humanité